Cet article revient sur des travaux que j'ai réalisés en utilisant la facilitation graphique dans le monde du logement et de la construction. Il s'inscrit dans une série de posts retraçant les différentes thématiques que j'ai pu aborder en dessins. L'ensemble des thèmes est disponible ici.
☕️ Attention, cet article est long (et encore j'ai fait une sélection). J'aime bien bavarder, prenez donc un thé !
Le logement va être abordé ici dans tous ses états : de sa conception à sa construction en passant par la façon de l'habiter et l'incarner.
Construire dans la concertation
Un logement, pour avoir du sens, doit s'ancrer dans son quartier qui doit en avoir tout autant (du sens, évidemment). J'ai eu l'occasion de travailler sur plusieurs projets de concertation d'habitants, de commerçants et autres acteurs impliqués dans la vie d'une ville à Amiens, Orvault (près de Nantes) et Balma (près de Toulouse). La confidentialité des projets ne me permettant pas de les exposer ici, je vais m'appuyer sur l'exemple d'Amiens :
Il s'agissait ici de penser dans la globalité le quartier Gare la Vallée d'Amiens. Ce site est intéressant pour différentes raisons : sa situation exceptionnelle dans la ville avec un positionnement stratégique à 5 minutes à pieds de la gare et une connexion évidente à la nature étant entre autres un site protégé.
L'état d'esprit dans ce nouveau souffle au quartier est à la fois de s'inspirer du passé et de s'inscrire dans l'histoire pour au final créer un renouveau qui ait du sens. La concertation a permis de faire émerger un bon nombre d'idées autour de la notion de ville fertile, la qualité de vie, l'intergénérationnel, le participatif ou encore la smart governance.
Parce que les visuels ne reflètent pas toujours les conditions dans lesquelles ils ont été produits, je vous propose de vous faufiler dans les coulisses :
La construction c'est la solution
Exit la concertation, place à la construction ! J'ai eu l'occasion de réaliser cette infographie dessinée (la première pour le compte du Service d'Information du Gouvernement Français, pour voir les autres je vous renvoie à mon article la facilitation graphique et les institutions et la facilitation graphique et les start-up pour le volet French Tech) présentant quelques mesures du gouvernement en faveur du logement :
La crise du logement pèse de plus en plus sur le pouvoir d'achat des français et tout particulièrement dans les grandes villes. Les raisons évoquées ici sont la conjugaison de la crise économique, de prix trop élevés de l'immobilier et de trop peu de construction (et donc aussi une crise du secteur de la construction).
Pour faire face à cette crise, deux solutions principales sont proposées : construire plus rapidement et se loger plus facilement pour répondre à la double priorité sociale et économique. Pour cela, le gouvernement a poursuivi depuis 2012 (l'infographie date du 25 septembre 2014 et ne peut tenir compte d'éventuels changements d'orientations politiques) deux grands objectifs : encourager la construction de logements et faciliter l'accès à des logements abordables.
Dans la continuité de cette infographie, j'ai réalisé les dessins pour cette vidéo intitulée "construire, c'est plus simple pour les familles et pour les entreprises" :
Faire avec : le réemploi dans la construction
La construction ne se fait pas nécessairement ex nihilo. Les enjeux environnementaux nous poussent à rationaliser l'usage de nos ressources déjà existantes. C'est donc ici à travers le prisme du réemploi que je vais aborder la construction :
Le réemploi consiste à passer d'une pensée linéaire à une pensée circulaire. C'est le fruit de mutations qui invitent à repenser, réhabiliter, régénérer et révéler le foncier. L'enjeu est de faire émerger et de reconnaître la valeur du bâti et reconsidérer fondamentalement la démolition. Le réemploi permet de conserver les valeurs résidentes (techniques, économiques, symboliques, fonctionnelles, environnementales, patrimoniales) tout en évitant cas déchet. En effet, il s'agit avant de penser ressources (et non déchets). Ces ressources peuvent être sérielles (en masse) ou singulières (pièces uniques). La logique de réemploi demande de la flexibilité, de l'improvisation et de l'adaptation : le sur-mesure n'est plus de mise !
Le réemploi soulève des enjeux de résilience et de développement économique local. Le territoire peut ainsi être appréhendé comme un être vivant avec un métabolisme qui lui est propre. Le réemploi peut être perçu comme une opportunité pour faire émerger des filières, filières qui ne peuvent se développer qu'avec un soutien politique indispensable.
L'exemple de REFAIR met en avant l'émergence d'une filière de réemploi. Cette logique de filière doit être pensée et appréhendée dans toute sa complexité.
Le réemploi ne se décrète pas mais il peut être soutenu de différentes manières. Cette logique de mutualisation se conjugue avec démarche globale d'expérimentation. Si la vision est nécessaire, la stratégie des petits pas est un bon guide au jour le jour pour avancer au plus près de la réalité. Pour se projeter, il est important de pouvoir percevoir un futur désirable, il y a donc un fort enjeu autour de la préfiguration et de lieux démonstrateurs. Enfin, il est essentiel de ne pas cloisonner le secteur du réemploi et au contraire de créer des lieux mixtes et distiller ainsi les pratiques et leurs incarnations.
Un des freins du réemploi, c'est le défi du cadre assurantiel. Le problème du réemploi pour les assureurs est double : d'un côté l'évaluation des caractéristiques techniques et les aptitudes à l'emploi et de l'autre la modification de la chaîne de responsabilité. Ces éléments peuvent être appréhendés à partir du moment où ils sont anticipés.
Enfin, la mise en oeuvre du réemploi dans le projet d'architecture peut se faire à différents niveaux : celui du concours (avec une visibilité restreinte sur les ressources), des études (au niveau de la prescription et de la caractérisation) et du chantier (au moment de fournir les gisement et de les poser).
Habiter autrement avec le co-habitat
Pour finir, un logement prend également vie dans sa façon de l'habiter ou de le revisiter. C'est le cas avec le projet proposé par Coab pour un appel à projet de la ville de Paris :
Pour réinvestir la sous-station Voltaire dans le 11ème arrondissement de Paris, Coab a misé sur le cohabitat. Le cohabitat a de nombreux avantages : c'est plus convivial, plus écologique et plus économique qu'un logement classique. Cette vie en collectivité permet potentiellement de mutualiser beaucoup de services : une laverie / buanderie, des rangements intelligents, une cuisine commune, un chambre d'ami, une bibliothèque / médiathèque, un atelier / fablab, une salle de jeu... Et pour ce projet, les espaces communs peuvent également se situer à l'extérieur avec un jardin partagé, une cuisine d'été, un terrain de jeu, une régie de quartier, un point de recyclage et de compost, des panneaux solaires, de la récupération d'eau et j'en passe ! Bref, de quoi inventer une vie en collectivité dans un bâtiment à réenchanter.
Voici un autre exemple d'éco-quartier pour bien vivre ensemble en réduisant son impact écologique :
L'état d'esprit ici peut se résumer à des espaces communs pour des moments partagés ! L'espace est composé d'une salle commune et de jardins partagés permettant d'accueillir des moments conviviaux, des rencontres, des partages, du faire ensemble et de l'entraide.
Penser l'habitat des jeunes
À l'occasion des 5ième assises nationales pour l'habitat des jeunes, j'ai cherché à reprendre les grandes idées sur le thème "habitat jeunes, logements engagés" :
L'UNHAJ c'est 300 organisation adhérentes, plus de 700 sites, plus de 200 000 jeunes chaque année. L'UNHAJ, c'est bien plus que du logement, c'est un projet socio-éducatif engagé.
C'est notamment des projets qui partent directement des jeunes comme celui-ci, qui est né dans ce moment particulier qui était le confinement :
Ce projet artistique de sociologique cherchait à mettre en images des récits intimes, témoins d'une période et d'une époque pour en faire le journal d'une jeunesse déconfinée dans toute sa diversité. Ce temps suspendu a fait émerger une multitude de questionnements sur soi, sur les autres, sur le monde et sur le futur.
Ces questionnements intimes ont amené à repenser le sens de son action :
La question de sens s'est amplifiée pour s'incarner dans de nouvelles formes d'engagements, toujours plus concrètes et en oubliant les étiquettes.
Le logement n'est pas qu'une question pragmatique, c'est aussi et avant tout une question politique :
L'enjeu est de s'adapter à la fois au public et aux besoins spécifiques des jeunes ainsi qu'aux spécificités du territoire.
L'habitat est loin d'être qu'une affaire individuelle mais il a aussi un rayonnement collectif :
L'habitat ne pense se penser décorellé de son environnement et de son ancrage. Au sein d'un logement, il s'agit de concilier et d'articuler habilement le privatif et le collectif. On absorbe et on marque son environnement, autant y imprégner des éléments nourrissants de toute part !
Penser l'habitat des personnes en situation de handicap
La façon d'habiter et de co-habiter n'est pas innée et elle l'est encore moins pour les personnes en situation de handicap. La question de la vie en établissement était au centre des journées MAS-FAM 2021 :
En mettant la personne accompagnée au centre, il s'agit de trouver un équilibre entre le fait d'être à l'écoute, de comprendre la personne et d'agir dans son intérêt et dans une logique d'autonomie.
Même focalisé sur la personne, on ne peut s'émanciper des réalités terrains et contraintes institutionnelles :
Une des spécificités de ce public se situe notamment dans sa vulnérabilité. Ainsi, la sécurité peut facilement venir entraver la liberté. Encore une fois, c'est l'humain qui va, dans toute sa finesse pouvoir arbitrer sur les solutions les plus adaptées.
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