Cet article revient sur des travaux que j'ai réalisés en utilisant la facilitation graphique dans le monde de l'emploi. Il s'inscrit dans une série de posts retraçant les différentes thématiques que j'ai pu aborder en dessins. L'ensemble des thèmes est disponible ici.
☕️ Attention, cet article est long (et encore j'ai fait une sélection). J'aime bien bavarder, prenez donc un thé !
Je vais parler ici d'emploi ou plutôt de retour à l'emploi pour des personnes qui en sont éloignées depuis plus ou moins longtemps. Pour ces dernières, une des questions majeures qui se pose c'est l'orientation : c'est très facile de se perdre dans la multitude d'interlocuteurs, d'organismes et de dispositifs disponibles (sous certaines conditions).
Une fois le cadré posé, il est possible d'embrasser différentes expérimentations locales avec l'expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée, avec les PLIE (les Plans Locaux d'Insertion et d'Emploi) ou encore avec le programme SEVE emploi. Enfin, je vous parlerai d'un sujet encore peu abordé : l'emploi des séniors avec un dispositif proposé par l'Apec.
Avant tout une question d'orientation
Le parcours de recherche d'emploi est semé d'embûches et quelque peu sinueux... Tellement sinueux qu'il est souvent difficile de le visualiser dans son intégralité. C'est sur cette question et sur la question plus spécifique du parcours de formation des demandeurs d'emploi que le Tilab s'est penché à Rennes :
Partant d'une volonté de simplification, la démarche s'est appuyée sur des réalités locales avec la consultation de 16 lieux en Bretagne. On y a proposé des référents formation avec une expérimentation à Redon amenée à s'essaimer partout ailleurs. L'ancrage territorial prend également ici tout son sens avec un lien appuyé avec les entreprises locales avec une expérimentation à Vannes et un essaimage à Vitré-Fougères. Enfin, ces réalités territoriales sont augmentées par une plateforme numérique qui offre aux demandeurs d'emploi de multiples fonctionnalités dont celle de disposer d'un coffre-fort numérique.
En embrassant ces spécificités locales, les participants à l'atelier ont cherché à dégager une cartographie commune, qui se profilerait pour les demandeurs d'emploi à la recherche d'une formation :
Cette cartographie a été pensée comme étant un outil de médiation pour l'implication des demandeurs d'emploi qui les amèneraient à être acteurs de leur formation et de leur employabilité de manière générale. Cette cartographie se veut à la fois être un itinéraire professionnel, une boîte à outils et une checklist.
En partant du projet du demandeur d'emploi, on amène ce dernier à réfléchir sur son projet et sa faisabilité pour ensuite identifier les organismes de formation (OF) les plus pertinents. Suite à cela, on va l'accompagner à constituer un projet de financement qui sera ensuite accepté ou refusé par l'organisme de financement. Au cours de la formation, si elle est acceptée, il pourra rencontrer un ou des référents qui l'accompagneront tout au long du processus. Cette formation lui permettra par la suite de développer son réseau, de valider et maintenir des compétences, tout cela au profit d'une plus grande employabilité. Tout au long de parcours, pourront se retrouver certains indicateurs de différentes natures : le temps moyen constaté et estimé par étape ou encore le niveau de progression total au sein du parcours.
Toujours dans cette logique d'orientation est né le SPRO (le Service Public Régional de l'Orientation) qui permet à toute personne l'accès à une information gratuite, complète et objective sur les métiers, les formations, les certifications, les débouchés et les niveaux de rémunération, ainsi que l'accès à des services de conseil et d'accompagnement en orientation de qualité et organisés en réseaux :
La philosophie du SPRO se base sur un principe simple : que la personne qui se pose une question d'orientation n'ait pas plus de 2 portes à franchir pour avoir une réponse quant à son orientation.
La démarche du SPRO Centre Val-de-Loire cherche à être exemplaire en tant qu'action publique innovante. Il s'agit d'une démarche transparente, collective, co-construite et centrée sur les usagers. Après une phase de concertation se succède un temps d'évaluation qui laisse place à une feuille de route ré-évaluée en continu.
À l'occasion des première rencontres régionales du SPRO Centre Val-de-Loire, les principales avancées (et limites) qui ont pu être constatées concernent l'animation du pilotage régional, les activités des réseaux locaux ainsi que la diffusion auprès des professionnels de terrain. Après avoir restitué les enseignements des territoires précurseurs de la région (le SPRO de Nogent-le-Rotrou / Châteaudun, le SPRO d'Issodun et de Châteauroux et le SPRO du Loir-et-Cher), le débat a pu être ouvert sur des évolutions à envisager tant sur le plan organisationnel que sur l'évaluation.
Les dispositifs de retour à l'emploi en France sont également riches en expérimentations au niveau d'un territoire et à l'échelle des personnes en proposant des parcours sur-mesure.
L'expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée en est un très bon exemple :
L'Expérimentation Territoriale contre le Chômage de Longue Durée (ETCLD) est une démarche locale et citoyenne rejointe par Pôle Emploi. Je propose ici de reprendre quelques éléments issus de la première journée d'échanges entre les territoires expérimentaux et Pôle Emploi.
Lors de cette première journée d'échanges, les participants ont fait un point d'étape sur l'expérimentation concernant 10 territoires, 11 agences Pôle Emploi et plus de 150 actions de formation. Lors de cette expérimentation, plusieurs hypothèses de travail ont pu être validées : nul n'est inemployable, ce n'est pas le travail qui manque et ce n'est pas l'argent qui manque. Ces retours d'expérience ont pu mettre en perspective les enjeux d'une bonne collaboration : la territorialisation, la logique d'écosystème, la pluridisciplinarité, la complémentarité, l'articulation, l'expérimentation et la fluidité pour ne citer qu'eux. Après un bilan positif, le regard s'est porté sur l'avenir en se demandant "si c'était à refaire ?" : plus de mobilisation, un meilleur timing et plus de solutions à proposer. Pour mettre en action le volet mobilisation, une réflexion s'est portée sur les modalités associées : une co-construction tournée vers l'opérationnel, en cassant l'image de l'institution et en personnalisant la relation avec comme point de départ les envies de l'usager. Enfin, un world café s'est articulé autour des question du rôle et du fonctionnement des comités locaux, de l'accompagnement au retour à l'emploi et à la formalisation de l'acquisition des compétences.
Au niveau national, on retrouve d'autres dispositifs comme les PLIE (Plans Locaux pour l'Insertion et l'Emploi) qui sont des dispositifs mis en œuvre par des collectivités territoriales et des intercommunalités et qui permet de proposer un parcours d'insertion individualisé à ceux qui éprouvent des difficultés à intégrer le monde du travail, notamment les chômeurs de longue durée. Voici quelques réflexions issues de groupes de travail du PLIE de Rennes :
Un des intérêts du dispositif PLIE est de proposer un co-accompagnement. Pour le bon déroulement de celui-ci, il est nécessaire de définir dès les départ les critères de réussite. Il s'agit donc de proposer une sortie dynamique pour la participants PLIE tout en veillant à une entente des accompagnants. Ce dispositif doit au final articuler une collaboration à différents niveaux en étant toujours centrée sur le bénéficiaire. Il est question de poser le cadre lors du premier entretien pour aller dans le même sens et de garder de manière régulière du temps privilégié à deux.
La co-animation d'un entretien tripartite a quelques étapes clés : identifier les interlocuteurs, préparer l'entretien, se déplacer sur le lieu de travail, informer sur le dispositif et donner de la lisibilité, le tout en prenant le temps nécessaire à un accompagnement adapté.
Une des difficultés qui peut être rencontrée dans l'accompagnement tripartite, c'est la prise de décision commune. Pour que celle-ci se passe au mieux, il est nécessaire de confronter les regards, de mettre en commun les projets, les besoins et les freins et surtout de clarifier les modalités d'accompagnement avec les rôles de chacun et un calendrier prévisionnel. Enfin, chaque personne et chaque parcours étant différent, il n'est pas question de proposer des modalités d'accompagnement figées mais de s'adapter à la personne au mieux.
Enfin, le programme SEVE emploi permet également de changer de posture face au monde de l'insertion qu'il voit davantage comme une "transition" :
À l'occasion de la journée régionale Bretagne consacrée à la médiation active, l'accent était mis sur le renouvellement des stratégies d'accompagnement. Le fil rouge de la démarché prônée dans cette journée étant de changer sa posture en changeant son vocabulaire, on cherche ici à passer de l'employabilité à l'employeurabilité.
Avec le programme SEVE emploi qui couple formation-action et animation territoriale, l'objectif ici est de sortir de la pauvreté par l'emploi. Pour les structures suivant le programme, les bénéfices se font ressentir : une dynamique d'équipe catalysée par un but commun, des croyances bousculées avec un changement de regard sur le vocabulaire et sur les entreprises.
Pour résumer, la médiation active agit à la fois sur le recrutement, sur les organisations et sur l'éco-système. C'est une approche pragmatique qui prend du temps et de l'énergie mais qui donne un souffle d'air frais sur la transition professionnelle.
Dans la continuité de cette journée régionale, s'est tenue une nouvelle série de réflexions en Centre-Val de Loire avec notamment un volet sur l'intégration dans les entreprises :
L'intégration dans les entreprises se fait pas à pas, en contruisant progressivement la relation. L'analyse du poste est capitale pour se concentrer sur les besoins réels de l'entreprise. Il s'agit ensuite d'accompagner dans les freins professionnels et de sécuriser la personne dans son retour à l'emploi. Le rôle de l'intermédiaire est par la suite crucial pour aller vers une réassurance mutuelle et un retour à l'emploi durable.
Comme on a pu commencer à l'entrevoir, quelques étapes sont incontournables dans le processus d'intégration :
L'humain est au centre avec une vraie analyse des besoins, une mise en confiance mutuelle, des rencontres et contacts réguliers ainsi qu'une découverte et appropriation de l'environnement par le candidat.
Le chômage touche toutes les catégories de la populations et tous les âges. Les cadres séniors n'y échappent pas. C'est pour cela que l'Apec a lancé le programme "Talents Séniors" :
Ce dispositif lancé par l'Apec cherche à (re)valoriser des profils clés. Les séniors sont des atouts pour traverser la crise, de par leur expérience, leur expertise, leur relationnel et leur recul. Le dispositifif permet une diversité des rebonds et consiste en un réel travail d'équipe pour (re)donner confiance.
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