Cet article revient sur des travaux que j'ai réalisés en utilisant la facilitation graphique dans le monde de l'écologie. Il s'inscrit dans une série de posts retraçant les différentes thématiques que j'ai pu aborder en dessins. L'ensemble des thèmes est disponible ici.
L'écologie est un vaste sujet ô combien d'actualité. Commençons donc par nous intéresser à l'urgence écologique pour ensuite s'attarder différents volets (institutionsn entreprises, université) et finir par élargir la thématique à d'autres domaines : la politique, la fiscalité et l'agriculture.
L'urgence écologique
Le 6ième rapport du GIEC (paru en 2021) est sans appel : c'est chaud pour la planète (et donc aussi pour nous) :
Le réchauffement actuel de la planète est à prévoir au moins jusqu'en 2050. Et si certains en doutaient encore, 100 % du réchauffement climatique est dû aux activités humaines. L'homme réchauffe l'atmosphère, les océans et les terres, provoquant ainsi des changement généralisés et rapides avec une ampleur sans égal depuis des siècles voire des milliers d'années.
Pour éviter un réchauffement de 2 °C voire de 1,5 °C, il est urgent de réduire fortement et très rapidement les émissions de gaz à effet de serre. Quoiqu'il arrive, on peut déjà prévoir une augmentation en fréquence et en intensité des chaleurs extrêmes, des pluies diluviennes, des sécheresses dans certaines régions ainsi que des tempêtes tropicales. La fonte des glaces associée entraînera de son côté une élévation du niveau des mers, ces deux phénomènes ayant des impacts irréversibles pendant des milliers d'années.
Une augmentation de la température de 2 °C en 2050, ça voudrait aussi dire 420 millions de personnes de plus menaces par des canicules extrêmes, 400 millions de personnes confrontées à des pénuries d'eau et 80 millions de personnes supplémentaires souffrant de faim.
Certains enjeux sont directement sous nos yeux et parmi eux l'érosion des sols, un processus naturel amplifié par l'action de l'homme :
L'homme est l'agent principal de l'évolution de la planète et de l'érosion des sols (qui correspond au processus de dégradation de la partie superficielle des sols).
Différents facteurs influencent l'érosion : le vent, la température, la gravité et l'eau, facteur dominant. C'est avec les changements radicaux des paysages liés à l'activité de l'homme qu'on constate une accélération des flux d'eau et ainsi une augmentation de l'érosion. Cela soulève ainsi des enjeux écologiques et sanitaires et fait une question de santé publique.
Le changement climatique induit de manière générale de fortes variabilités et de manière indirecte une dégradation des sols et de l'eau. Cela nécessite de prendre en compte la complexité de la situation et d'agir à différentes échelles : à l'échelle de la parcelle avec la conservation du sol et à l'échelle du bassin versant avec le contrôle de l'érosion et du ruissellement.
Une fois encore dans ce contexte, on constate l'importance des politiques publiques que ce soit pour informer, agir ou pour financer des actions contre l'érosion des sols.
Un autre enjeu lié à l'anthropocène, c'est celui du plastique :
Le constat est là encore accablant : 10 tonnes de plastique sont produites chaque seconde et une tonne part dans les océans toutes les 2 secondes dans le monde. Le problème est de taille et s'inscrit également dans la durée : le plastique met entre 100 et 1000 ans à disparaître. En 2050, il y aura plus de plastique de poissons dans l'océan.
Au dela du problème écologique, on parle aussi d'urgence sanitaire avec les POP, les Pollueurs Organiques Persistants qui sont des agents mutagènes responsables notamment de cancers.
Pour réfléchir, de manière générale, à ce que nous pouvons faire, je vous propose un résumé dessiné de l'excellent petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion, déjà présent sur mon blog J'ai lu ça:
Dans le cas où vous ne l'avez pas remarqué, la planète n'est pas franchement en grande forme. Les indicateurs écologiques sont au rouge mais notre confort technologique est lui à son apogée, ce qui peut nous fausser cette vision de la réalité.
On constate avec effroi notre impuissance et on a l'impression que nos (petits) actes (recycler, prendre des douches plus courtes, faire des achats plus responsables) n'ont pas d'impact. Et ce, surtout si on les met face aux plus gros pollueurs que sont l'industrie et l'agriculture. Pour que nos actes aient du sens et du poids, il est nécessaire de construire un nouveau récit commun, un futur désirable (et pas si effroyable). Pour agir durablement, il faut donc pouvoir être porté par une histoire, un imaginaire qui nous mette en action et fasse effet de levier sur nos actes individuels et sur ces mastodontes industriels.
Au final, comme le suggérait l'ONG France Nature Environnement lors de son université d'été en 2016, l'écologie ne serait-elle pas la dernière utopie ?
La transition écologique se fait attendre, encore aujourd'hui, pour différentes raisons : les notions de responsabilité et leur difficile mise en application, la question de la réduction des inégalités et les régimes sociotechniques comme verrouillages et freins écologiques.
Le débat écologique peut se faire entendre en comprenant les mécanismes du jeu médiatique pour mieux s'y insérer (et se faire entendre). Pour exprimer ces maux, les mots ont toute leur importance et il est urgent de passer du catastrophisme à un futur désirable. Même si cette utopie peut fédérer, la volonté politique et citoyenne peut être mise à rude épreuve. Les modes de pensée sont néanmoins en train d'évoluer et peut-être que c'est aussi sur cela que nous devons nous concentrer.
Enfin, pour appréhender les différents enjeux liés au climat et leur inter-relations, vous pouvez, partout en France, participer à des Fresques du climats :
Le principe est simple : comprendre en 3h les enjeux autour du changement climatique et être en capacité de passer à l'action. Cet atelier collaboratif propose de retracer les liens de cause à effet pour à la fois prendre du recul et se saisir de leviers d'actions. C'est devenu un outil de référence, avec une réelle efficacité sans culpabiliser les participants.
L'écologie, concrètement
Après ce rapide contexte, je vous propose de vous pencher sur plusieurs façons dont l'écologie peut s'exprimer avec la démarche Zero Waste, avec des initiatives à l'échelle d'un département, le Val de Marne, et avec la façon dont une métropole, celle de Rennes, peut s'emparer du sujet pour revoir sa politique culturelle. Enfin, nous verrons comment les entreprises et les universités peuvent s'emparer du sujet.
Une des façons les plus directes de prendre une posture écologique, c'est d'adopter une démarche Zero Waste :
L'utilisation de l'expression anglaise "zero waste" n'est pas usurpée : en réalité le mot "waste" en anglais recouvre plusieurs réalités, celle du déchet et du gaspillage. Adopter une démarche zero waste c'est donc chercher à éviter tout déchet et gaspillage.
La démarche zero waste est une démarche globale et participative pour atteindre l'objectif zéro déchet et zéro gaspillage. Elle s'appuie sur plusieurs principes : produire et consommer sobrement, optimiser et allonger l'usage et préserver la matière. Pour mettre en action ces principes, quelques ingrédients clés sont nécessaires : la mobilisation de tous les acteurs du territoire, la convergence des différents niveaux de collectivités compétentes et le portage politique.
Les préoccupations écologiques ont donné naissance à de nombreux projets portés par des institutions et notamment par le département du Val de Marne :
Ce projet sobrement intitulé le Val de Marne en mouvement pour le climat s'appuie sur des enjeux globaux pour entrevoir des impacts locaux au niveau des transports, de la précarité énergétique, du patrimoine bâti, de la restauration dans les collèges, des réseaux de chaleur, de la géothermie, de la politique de l'eau, de la place de la nature en ville, de l'agriculture, de l'éducation et de la participation citoyenne.
Le prisme écologique peut également être adopté dans le monde de la culture et c'est le cas de la métropole de Rennes :
La métropole de Rennes a choisi d'adopter une politique culturelle écoresponsable. Cette démarche s'appuie sur un territoire propice (avec de nombreuses structures et initiatives déjà engagées comme le collectif des festivals, la fête de la musique, le CPPC, le TNB et regards de mômes) et sur une mobilisation locale autour de la transition écologique. L'ambition est collective et le dispositif suppose des engagements à la fois individuels et collectifs.
C'est aussi tout naturellement que les festivals, de manière générale, repensent leur manière de consommer et ce, notamment autour de la restauration et de la vaisselle. Voici quelques éléments proposés par Drastic on Plastic :
En suivant la logique de refuser, réduire, rétuiliser, recycler et rendre à la terre, des solutions concrètes ont pu être envisagées.
Enfin, la réduction des déchets se joue également du côté de la grande distribution :
Face à l'évolution des attentes client, les Grandes et Moyennes Surfaces adoptent de nouveaux comportements pour lutter en amont et en aval contre le gaspillage.
Différentes actions sont mises en place autour du volet "réduction du gaspillage" et "vente en vrac / nouveaux comportements des consommateurs".
À l'occasion de la journée régionale de la biodiversité 2024, Breih Biodiv a organisé un atelier ayant pour vocation de chercher à allier RSE et biodiversité. L'idée était de changer de focale et d'appréhender une autre mesure de la performance en conjuguant avec le vivant.
Le constat est sans appel et peu réjouissant : le seuil de biodiversité est dépassé et 50 % du vivant a été perdu en 50 ans. Les entreprises font pression par rapport à la biodiversité avec la destruction des habitats, la surexploitation des ressources, la pollution et le changement climatique. Face à cela, la biodiversité rend des services écosystémiques en termes d'approvisionnement, de régulation, de soutien ou au niveau culturel. S'occuper de la biodiversité n'est pas un enjeu totalement désintéressé : en France 80 % des emplois sont dépendants de la biodiversité. Les entreprises sont encouragées à s'engager dans une logique des petits pas (avec bon nombre de pas rapprochés si possible !).
Au final, que ce soit au niveau de la production et de la consommation, tout est à repenser à différentes échelles. Voici un exemple d'engagements à la fois au niveau de citoyens, de petites entreprises et des grandes entreprises :
Le constat est édifiant (et alarmant !) : pour produire un jean, 8 000 L d'eau sont nécessaires (soit 285 douches !), une bouteille en plastique met 500 ans à se décomposer et 1 milliard de pailles sont jetées chaque jour dans le monde représentant ainsi 4 % des déchets marins.
Avec La vie est belt et son upcycling solidaire et local, Reus'eat et ses couverts soucieux de l'environnement et wedressfair qui milite pour une mode éthique, des solutions sont proposées pour repenser notre rapport à la consommation (et à la planète !).
Des grandes entreprises comme Adeo doivent également prendre la mesure de leur responsabilité écologique et sociétale. Et c'est ensemble qu'il est nécessaire d'oeuvre pour consommer moins et mieux et ainsi panser la planète en pensant humain.
La transition écologique se pense aussi dans nos champs et in fine dans nos assiettes comme cela a été abordé lors de cet ateliers pour la Caisse des Dépôts :
Des freins politiques, réglementaires et pratiques peuvent peser mais des synergies peut éclore pour co-construire des actions communes et faire émerge une dynamique d'innovation ouverte.
Les universités sont elles aussi engagées dans une démarche de transition écologique. Voici l'exemple de l'université de Bordeaux avec un bilan des précédentes rencontres des transitions en 2022 et les résultats de l'édition 2023 :
6 grands thèmes ont été impulsés lors de l'édition 2022 : comment améliorer la santé des jeunes, comment produire une alimentation bio et locale pour tous, comment rénover et construire des habitats frugaux, résilients et bon marché, comment la nature peut être une solution en ville, comment mettre le numérique au service des transitions et comment innover et s'approprier les nouvelles mobilités douces. Autant de questionnements qui ont fait émerger différentes pistes et projets pour au final aboutir sur de nouveaux axes pour l'édition 2023.
J'ai circulé dans les ateliers qui avaient lieu en simultané (3 le matin et 3 l'après-midi) pour en retirer des idées phares et enjeux sous-jacents. J'ai ensuite travaillé à partir de la matière de restitution pour élaborer un visuel par atelier :
Pour conclure sur une façon positive d'appréhender l'économie de demain, je vous propose ce visuel réalisé pour Ruptur :
L'économie créative environnementale et inclusive s'appuierait sur 9 fondements clés : l'impact environnemental, la contribution au bien commun, le collaboratif, le local, le fait de pouvoir être transposable, inclusif, inspirant pour les jeunes générations, le transgénértionnel et/ou multiculturel, le tout reposant sur un modèle économique pérenne.
Au-delà de l'écologie
J'ai eu le plaisir d'illustrer un bon nombre de vidéos pour le Mouvement Colibris dont quelques unes directement liées à la question écologique à travers la Politique Agricole Commune, la fiscalité énergétique et l'agroécologie.
Le cycle "Comment réorienter la PAC (Politique Agricole Commune) pour accompagner la transition écologique de notre agriculture" est disponible en 3 parties :
Pour illustrer ces propos, je vous propose quelques captures d'écran :
Le parcours sur la fiscalité énergétique s'articule quant à lui en 4 vidéos :
Je vous propose encore ici des captures d'écran reprenant quelques éléments intéressants :
Le parcours sur l'agroécologie est le plus long et celui sur lequel j'ai le plus travaillé mais malheureusement seulement 3 vidéos sont disponibles sur le chaîne Vimeo du Mouvement Colibris (pour le reste il faudra vous inscrire sur le site de l'Université des Colibris pour y avoir accès) :
Je vous propose toutefois ici encore quelques captures d'écran :
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