J'ai remarqué que la facilitation graphique pouvait fasciner ceux qui ne manipulaient pas marqueurs ou stylets. Cette discipline peut paraître parfois un peu mystique et donne lieu à des regards circonspects ponctués de "Mais tu savais de quoi on allait parler ?", "Comment tu sais si une information est importante ?" ou encore "Comment tu fais si tu n'as plus de place ?" et j'en passe.
Alors bien sur, il y aurait quelques réponses "académiques" à apporter mais la réalité et la beauté du direct me fait souvent activer (et je ne suis surement pas la seule) certains leviers qui s'apparentent à des biais :
Le biais de l'ego : faire avec qui on est
Le biais le plus évident pour à peu près tout dans la vie, c'est soi-même. Nous sommes le filtre avec lequel nous absorbons les informations, avec notre passé, nos croyances et nos émotions.
Alors même si un des enjeux de la facilitation graphique est restituer un contenu avec neutralité, je prends parfois la liberté d'assumer la part de subjectivité de ma posture. Le postulat de base est d'ailleurs très simple : si la façon de présenter quelque chose me parle, normalement je ne suis pas assez exceptionnelle (on a dit ego, pas ego mal placé, non mais !) pour que ça puisse aussi parler à d'autres.
Conclusion : Je ne peux que vous conseiller de prendre votre intuition comme guide et d'appréhender le rendu comme vous souhaiteriez qu'on vous le raconte. Évidemment, ça ne fonctionne pas tout le temps (notamment lorsqu'on s'adresse à des publics spécifiques) mais l'approche reste à explorer dans bon nombre de situations. Vous êtes exceptionnel et les autres le sont aussi :)
Le biais spatial : faire avec ce qui est
Quand on dessine sur papier dans un temps limité, un des éléments avec lequel on doit jongler, c'est l'espace. Et ce qui peut démanger lorsqu'on à l'habitude de travailler sur tablette graphique et/ou qu'on est perfectionniste, c'est d'effacer, de déplacer, de recadrer, de redimensionner et j'en passe. Ce que j'adore avec le dessin en direct, c'est justement de ne pas avoir le temps (et de gomme pour les marqueurs) et donc d'avoir des choix limités qui amènent à conjuguer avec ce qui est. Ce qui sur le moment peut être jugé comme étant une erreur peut finalement se révéler comme étant une formidable source de créativité. L'enjeu est donc d'accepter, de ne pas juger hâtivement et de ne pas chercher à ce que ce soit parfait. J'ai fort à parier que ce qui a émergé ici et maintenant n'aurait surement pas vu le jour de la même manière dans d'autres conditions.
Conclusion : Acceptez ce qui est et accueillez-le comme un cadeau avec la potentialité d'expérimenter de nouvelles choses que vous n'auriez peut-être pas envisagées par ailleurs. Laissez-vous surprendre.
Le biais de la flemme : faire avec simplicité
Attention les yeux, l'intitulé de dernier biais peut choquer !
Face à un flot d'informations denses et parfois alambiquées, on peut rapidement se trouver désemparé. Un des enjeux du facilitateur graphique est de donner à voir la complexité et donc pas question de se laisser dépasser. Face à tout cela, une des façons de revenir à l'essentiel c'est parfois la flemme, un des meilleurs moteurs vers la simplicité ! Exit le jargon et les concepts fumeux, en se posant la question "on ne pourrait pas expliquer ça plus simplement ?", on peut s'alléger de bien des fioritures.
Conclusion : La restriction (en termes d'espace, de nombre de mots ou de couleurs) est parfois à la base de gros efforts de vulgarisation. Ceci dit, n'oubliez jamais qu'il y a rarement plus compliqué que la simplicité !
Envie d'autres réflexions dans le monde de la facilitation graphique ? Vous pouvez vous abonner ici pour recevoir les prochains articles directement dans votre boîte mail :